Path of Civilization

Soirée proto pré-prod (très pré-prod) en mode chanceux puisqu’en présence de l’auteur, Fabien Gridel et son Path of Civilization (dispo à Essen).
On est sur du jeu expert, loin d’un seven wonders. Ce ne sont pas tant les règles qui font cela (c’est franchement assez simple) mais plus dans l’utilisation des cartes et surtout la projection dans les manches avec les bonus collectés et le développement en zigzag associé.
Niveau règles, sur l’ensemble des 9 manches du jeu, on va placer 4 de ses 5 cartes sur son plateau, 2 pour collecter des cubes d’action, 2 pour augmenter sa centrale d’achat. Ensuite on dépense ses cubes d’action (bleu pour des PV et des bonus one shot, gris pour les monuments à PV et bonus et mauve pour les leaders à PV, bonus one shot et/ou récurrents). On dépense de sa centrale d’achat pour de nouvelles cartes à bonus immédiat et amélioration cube/achat qui remplaceront les anciennes. A partir de la 3ième manche on les termine en alternant les objectifs bonus et combat pour des PV et autre.
La difficulté est surtout basée sur deux choses :
- La lecture des cartes que l’on va acheter et leur impact sur vos prochaines manches. Comme on gagne des bonus immédiats différents selon la couleur de la carte et son prix, il faut savoir se projeter sur leur utilisation. Par ailleurs, chaque carte achetée vous permettra d’augmenter votre centrale d’achat des deux couleurs adjacentes dans le futur, tout en vous donnant des cubes d’action dans son type propre. Il faut alors pouvoir se dire « ok, je l’achète pour l’utiliser de telle manière dans les prochaines manches pour arriver à tel objectif » (achat ou cube). Pour cela il faut savoir se projeter, sinon on joue un peu (beaucoup) à l’aveugle, porté par le courant.
- Pour éviter d’être balloté par le jeu il faut avoir un plan à long terme. Ce plan ce sont les objectifs des manches 3 à 9 qui vous les fournissent puisque ce sont leur valorisation qui feront une grande partie de la différence d PV entre les joueurs. Comme les cartes achetées donnent des bonus en zigzag il n’y a pas de ligne droite pour chaque objectif et tracer sa route n’est pas claire (certainement pas à la première partie).
Les cartes leaders et monuments ont des effets variés et certaines d’entre elles n’ont d’intérêt que si elles font une différence rapide (pour un achat ou une dépense avant les autres). Elles sont assez variées pour éviter des plans récurrents de partie en partie (1 chance sur 3 en moyenne de les retrouver sur la partie suivante).
Je dois avouer ne pas avoir ressenti le thème (contrairement à un through the age à qui il ressemble dans l’esprit), principalement dû à ma concentration unique sur les cubes et ronds que je récolterais dans les manches suivantes, perturbants et peu intuitifs. Ceci évoluera peut-être une fois intégré les usages des cartes de développement et la meilleure connaissance de leur impact.
Je suis par contre plus inquiet pour la production finale, qui se fera en Europe avec du carton pour les box au lieu du plastique chinois, qui, malgré l’économie sur le transport, fera grimper le prix final. Je trouve louable le côté européen et écologique, mais le public s’en rendra-t-il compte lorsqu’il déboursera 70+ euros pour un paquet de cartes et quelques cubes ? 40-50 € serait un prix attendu pour ce type de jeu dont la complexité diminuera avec la maîtrise des cartes. Il faudra valoriser le choix de production pour faire avaler la pilule.
Certains choix dans le jeu et les cartes sont étranges ou « anormales » lorsque l’on fait sa première partie. Mais tout est le résultat d’analyses et de tests de l’auteur, la correction de failles possibles lors de certaines configurations ou tirages. Savoir que les failles sont gérées me rassure toujours et on peut faire confiance à un créateur de Turing Machine pour l’analyse mathématique. 🙂
Je suis curieux de refaire de nouvelles parties (avec un exemplaire que Captain Games va me préparer tout spécialement) pour mieux maitriser les objectifs, de plus en plus libéré des bonus des cartes.