Come Together

J’aime les jeux qui m’offrent quelque chose de nouveau ou à tout le moins différent. J’ai tellement l’habitude d’excuser le énième jeu de pose d’ouvrier avec contrat ou de pick-up & delivery, que trouver un jeu qui change (ne serait-ce qu’un peu) de style m’emballe toujours un peu plus que de nécessaire. Sans doute car je n’espère plus être emmené dans de nouvelles réalisations (réussies) qui me donnent de nouveau le plaisir de la découverte. Parfois, après la partie et le recul, je trouve qu’au final cela reste du connu, mais si au moins lors de la découverte j’ai eu le sourire aux lèvres pour l’angle d’attaque du jeu, c’est déjà un succès.

Come Together est un jeu conjoint de Vegard Eliassen Stillerud, Eilif Svensson (que l’on connaît pour entre autre The Magnificent ou Santa Maria) et son frère Asmund Svensson, édité par Chilifox Games (fondé par les deux frères Svensson). Etonnamment ils n’ont pas crédité l’illustrateur sur BGG, ce qui me fait dire qu’ils doivent encore s’améliorer dans la gestion informative des partenaires dessinateurs.

Come Together nous emmène en festival tel qu’on les imagine (ou s’en rappelle selon l’âge) dans les années 60. Couleurs flashy, patte d’eph, cheveux longs, minibus Volkswagen avec des fleurs partout, pétards à la main et liberté sexuelle débridée. Du coup, on attaque le jeu et ses explications avec un petit sourire associé à la débauche de couleurs proposée.

On a chacun un paquet de volontaires (des ouvriers qui aiment terminer la journée au repos avec une bière et un joint) que l’on va envoyer dans divers endroits du festival pour organiser celui-ci. Le plateau de jeu est assez disparate :

• Un plateau central pour les PV (et les vans de repos de nos volontaires) et la piste compte manche
• 4 languettes d’actions, chacune avec 4 cartes disponibles nécessitant 1 à 3 volontaires :
  • Les scènes : Pour produire des artistes, il faut des scènes pour les y placer. Certaines sont plus adaptées à un style de musique / chanteur.
  • Les tentes : Pour que les visiteurs restent d’un jour à l’autre, il leur faut un endroit pour dormir et l’on pourra récupérer de 1 à 4 tentes, ainsi qu’un chemin pour y arriver plus ou moins festif.
  • Les artistes : Il faut convaincre des artistes (locaux à internationaux) à venir pour un soir réaliser une prestation. Ils ont chacun leur type de public nécessaire pour que la soirée soit réussie.
  • Les fans : Il faut faire de la pub pour attirer un public qui soit ciblé (plusieurs couleurs / types de fan) pour répondre au type d’artiste que vous produirez au soir.
• Le plateau de chaque joueur avec :
  • Le camping : Les tentes de base et de la place dans les champs pour en mettre d’autre
  • Les scènes : Une première est disponible et il y a de la place pour en mettre d’autre en simultané.
  • Les pistes de promotion :
    • Radio : Pour avoir des PV en produisant les artistes locaux
    • TV : Pour les PV des stars (nationales et internationales)
    • Journaux : Pour les PV des objectifs de chaque manche

A son tour de jeu, on pourra ainsi soit placer des volontaires sur une des cases d’action libre (et toucher son bonus immédiat), soit récupérer ceux dans le van pour les remettre au travail. Dans ce deuxième cas, vous aurez le choix supplémentaire d’engager un nouveau volontaire (il n’était pas dans le van) ou d’en libérer un (le renvoyer chez lui) pour directement jouer et placer vos volontaires sur une action. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne récupère pas directement les cartes associées aux actions, car il faudra qu’un joueur décide de ne faire aucune des actions normales pour faire avancer le marqueur de manche (toucher une compensation) et que toute la languette soit activée et que les joueurs récupèrent leurs cartes, ainsi que le bonus indiqué sur la languette, tandis que les volontaires rejoignent leur van de repos.

Quand toutes les manches sont passées, la soirée à lieu et les scènes sont remplies par le public requis par l’artiste. On score ainsi selon les bonus de scène, la publicité (radio/TV) associée à l’évènement et ensuite les fans retournent dans les tentes disponibles pour revenir le lendemain (ceux qui n’ont pas de place sont des visiteurs d’un jour). Une piste du camping défini en sus le nombre de fans qui ont envie de rester et les cartes de tentes qui sont aussi gardées.

Des pistes il n’en manque pas dans le jeu (4 + celle des PV) et y progresser dépend du bonus de la languette activée. De toutes, c’est souvent celle du journal qui est la plus difficile et pénalisante, car elle nécessite d’y progresser à chaque journée pour ne pas subir de pénalités (c’est la seule qui est remise à 0 chaque matin). On aurait préféré ne voir pénalisé que le dernier sur la piste, car dans l’état, seules les journées trop pénalisantes sont gérées et pour les autres tous les joueurs prennent le malus, la rendant inutile tant le ratio énergie/gain est mauvais.

Come Together propose de jouer jusqu’à 6 joueurs (pour une meilleur ambiance festive), mais dans les faits, 4 joueurs (éventuellement 5 ce qui est pratique parfois) semble le meilleur choix pour éviter que cela ne tire en longueur et perde le côté fun du jeu. Dans l’autre sens, 3 joueurs ne permet pas d’avoir une certaine rotation des languettes et donc la récupération de ses volontaires par l’action d’autrui.

Pour le reste, si les joueurs rentrent dans l’univers, on s’amuse bien dans Come Together, essayant de deviner de quelle star réelle l’artiste du jeu repend le style, tandis que l’on se moque des campings de chacun ou de la pub réalisée. C’est assez rapide dans les premiers soirs, tandis que les derniers impactent une meilleure gestion de ses priorités, ralentissant de facto le temps de chaque tour.

Très accessible, très simple dans les explications, il conviendra pour faire grimper des marches de la complexité aux joueurs lambda, puisque l’on est dans du placement d’ouvrier avec priorisation et analyse des attentes adverses. C’est un jeu où malgré tout les choix et le tempo des activations des languettes est important, afin de ralentir ou bloquer les autres joueurs, tout en accélérant l’arrivée d’une soirée. Le renouvellement n’est cependant lié qu’aux cartes et, bien que les parties ne seront pas identiques, on aura sensiblement l’impression de faire la même chose si on les enchaîne. Le ressortir quelques fois par an ne sera heureusement pas un problème puisque l’on revient rapidement dans les règles même oubliées par le temps passé. Alors, soyez cool et venez tous faire la fête. 😊