Coffee Traders

Un prix décerné pour les jeux Expert par des Experts

Coffee Traders

Chaque année c’est pareil, quand débute la sélection des jeux experts, on se demande quand arrivera le premier jeu qui coche toutes les cases de nos attentes. Cela ne veut pas dire que ce sera le jeu de l’année, mais simplement le premier à cocher toutes les cases. Parfois c’est un jeu attendu, parfois c’est un jeu surprise, mais c’est toujours agréable de se dire que cette année encore il y aura des jeux aboutis sur tous les points.

Coffee Traders c’est le deuxième jeu de Rolf Sagel et André Spil après Wildcatters il y a déjà 8 ans, ce qui explique le grande espérance portée par beaucoup par ce deuxième jeu. C’est Capstone, la compagnie de l’Ohio, placée sur beaucoup de bon coups ces dernières années, qui s’occupe de son édition en VO, en attendant la sortie VF de Super Meeple en 2022. Niveau illustration, ils ont fait appel à la paire John Rabou, qui signe son deuxième jeu ici, et Daan van Paridon, dont c’est le 4ième jeu après Bus et The Estates.

Coffee Traders comme son nom l’indique va vous proposer de commercer du café. Mais pas n’importe quel café, du Fair Trade ! Car vous allez installer des plants dans divers régions du monde, construire des bâtiments et envoyer vos commerciaux pour récupérer les productions, bien que réparties équitablement entre chacun. On finira par vendre nos production sur des demandes spécifiques ou dans des bars à café.

Le plateau général est divisé en 5 zones de production de café, tandis que celui du joueur reprend les étapes de jeu et le matériel de développement. Il n’y a que 3 manches dans votre partie, chacune divisée en 6 étapes.

  1. Phase de travail : en 3 à 5 actions, on va développer les zones de production. Il y a toute une série de micro règles pour ce faire et placer des fermes, sachant qu’un jeu de majorité rapportera des PV en fin de partie pour chacune des 5 zones.
  2. Phase d’occupation : on place ici des travailleurs dans les fermes non encore occupées.
  3. Phase de commerce : on envoie ses négociants à travers le monde pour négocier des grains de café ou construire de nouveaux bâtiments de production (et de majorité).
  4. Phase de production : les diverses zones produisent et vos négociants récupèrent leur dû (réparti équitablement).
  5. Phase de vente : les grains collectés sont utilisés pour remplir des objectifs personnels ou pour répondre aux demandes des bars à cafés du monde. Si les deux apportent des bonus immédiats, les bars à café auront aussi un jeu de majorité de fin de partie pour chaque bar.
  6. Phase de nettoyage

Coffee Traders est un jeu riche, entendez par là qu’il y a beaucoup à voir sur le plateau et que les règles sont simples dans l’absolu, mais complexes dans le détail car il y a une foule de micro-règles dans le jeu. En plus de gérer vos constructions et votre collecte de grains, des pistes par zones géographique vous permettront de progresser quand vous agissez dans ces zones pour récupérer des bonus et des PV de fin de partie.

L’argent est une denrée rare et il faudra le gérer avec intelligence pour ne pas en manquer, tandis que les grains de cafés ne sont pas stockables sur le long terme, à moins de bien gérer vos entrepôts, vous forçant à les dépenser en fin de manche. Des grains de café spéciaux, issus de la digestion de civettes, peuvent être créés à part de la production, servant en tant que joker, ce qui est compréhensible vu leur prix dans le vraie vie.

Trois choses sont très intéressantes dans la mécanique :

– Premièrement, il y a 3 avantages que l’on peut réclamer à chaque tour (une action de plus pour la phase 1, un négociateur de plus et 3 sous), sauf que l’on ne peut en disposer que de 2 sur les 3. Comme chacun est très intéressant en soi, on voudrait tellement les utiliser tous, mais ce n’est pas possible et il faudra faire des choix.

– Deuxièmement, le positionnement des négociateurs a un coût pour celui qui décide de l’endroit de base, tandis que les autres joueurs peuvent se placer à la suite pour aucun coût complémentaire. Dans le cas des emplacements de récolte, si un seul des joueurs ne suit pas, il touchera un sou (et dieu sait qu’ils sont rares). Dans le cas d’une construction de bâtiment, il faudra payer le premier joueur en grain de café pour construire (gratuitement) dans sa foulée.

– Troisièmement, la production de café dépend des fermes construites et pas de qui les a construit. Plus il y a de fermes et plus la région est intéressante. Cependant, une zone avec peu de fermes mais peu de négociateur peut-être aussi rentable. Il faudra donc choisir avec intelligence les placements à suivre et ceux à laisser passer en visant un sou de compensation.

Coffee Traders coche toutes les cases pour un jeu expert : qualité du matériel, complexité, rejouabilité, intégration du thème, interaction, équilibre, … A l’heure actuelle c’est déjà une belle réussite. Trois tours de jeu semblent peu, mais au vu du nombre d’actions et de réflexions associées à ces trois tours, en faire 4 aurait été un de trop. Bien sûr, il faudra faire des choix et essayer de combiner ses actions pour recevoir un bonus qui sera utilisé dans les coups qui suivront. C’est toujours agréable d’avoir un jeu tendu, d’autant quand les actions des autres joueurs interviennent dans ses propres choix sans toutefois pouvoir les détruire. La nécessité de gérer à la fois ses récoltes de café, les majorités des régions, les avancées sur les pistes régionales, les objectifs et coffee shops font que l’on pense beaucoup et que l’on se projette à minima.

Pourtant, tout n’est pas rose dans le jeu. Les micros règles sont légion (entraînant de longues explications à un nouveau joueur) et on a tôt fait d’en oublier une pouvant avoir son importance surtout quand après deux coups de préparation on nous rappelle que ce que l’on veut faire n’est pas correct ou qu’on n’a pas la majorité visée. La piste de progression des collectes animaux /feuilles a un rapport PV / énergie (ou chance) disproportionné et sera au mieux quelques point bonus tombés tout seuls sans valoir la peine de s’y intéresser. Beaucoup de PV dépendent des autres joueurs (majorités) mais dans une partie équilibrée ces PV s’annulent globalement (chacun gagnant des PV sur sa région visée et grapillant ailleurs) rendant l’affrontement de position plutôt stérile.

Heureusement ces « défauts » sont mineurs et n’empêchent en rien l’aspect de réflexion que Coffee Traders mérite. Si on ne fait pas plusieurs parties d’affilée, y revenir ne sera pas un problème, enfin pour peu que vous ne laissiez pas trop de temps entre deux parties pour ne pas oublier les détails. Un café, l’addition s’il vous plaît !

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