Bios : Mesofauna

Un prix décerné pour les jeux Expert par des Experts

Bios : Mesofauna

Je suis toujours surpris de voir la capacité de certains auteurs/éditeurs de proposer des jeux experts dans des boîtes de la taille de party games. Je croyais que c’était presque réservé aux jeux asiatiques (Tokyo Tsukiji Market par exemple) mais visiblement les suédois sont fort aussi dans le domaine.

Bios : Mesofauna est un spin off de Bios : Megafauna (seconde édition) dont la première était déjà une réédition de American Megafauna. Toutes ces versions sont l’œuvre de l’inénarrable Phil Eklund qui œuvre pour Ion Game Design (depuis la fusion avec Sierra Madre games) et qui est ici associé à Jon Manker pour cette version. Madeleine Fjäll est à la réalisation des illustrations, elle que l’on retrouve aussi sur les derniers jeux Ion Games comme Stationfall ou Sammu-Ramat.

Bios est toute une gamme de jeux qui raconte l’évolution des espèces depuis l’origine de la terre jusqu’à l’arrivée des hommes. Bios : Genesis, puis Megafauna et Mesofauna, Origins terminant le cycle terrestre. Mesofauna se concentre sur les insectes qui se développèrent sur Terre il y a 240 millions d’année et qui vont subir des évolutions continue par tranche de 4 millions d’année, un tour de jeu.

Tout commence par une série de tuiles (2 par joueur) comprenant 3 hexagones et formant la Pangée sur laquelle vous allez placer votre espèce insectoïde initiale. Chaque hexagone a deux partie, une pour les herbivores (ce que l’on est par défaut) et une pour les carnivores (ce que l’on devient si l’on perd le contrôle d’une zone herbivore). Les hexagones sont des plaines, des marais ou des lacs, sachant que seuls les marais conviennent à toutes les formes d’insectes.

A chaque tour, un joueur pourra faire une action avec chaque espèce d’insecte qu’il aura développée devant lui. Les actions possible sont :

  • Muter : Prendre une des cartes de la rivière des possibilités et la placer sur la gauche de l’espèce active. Les choix dans la rivière sont limités au nombre de population encore disponible pour cette espèce.
  • Evoluer : Transformer cette mutation en réalité fixe, en plaçant la carte à droite de la carte de l’espèce. Cela se traduit en une tête, un thorax (l’insecte peut en avoir plusieurs) ou un abdomen. Des couleurs de jonction doivent coïncider pour être réalisé, pour que la mutation soit viable. Cette action permet aussi de créer de nouvelles espèces en transformant une unité présente sur la carte en celle-ci.
  • Croître : Ajouter de nouveaux exemplaires sur base de ceux déjà en place, qui pourront ensuite se déplacer pour trouver un endroit où vivre (quitte à devoir combattre l’espèce en place).
  • Simplifier : Perdre des marqueurs de développement devenu inutiles
  • Zombifier : Voler une population d’une autre espèce qui sera infectée, venant augmenter les possibilités de développement de votre espèce.

Il faut dire que les mutation, excepté un fluff explicatif, représentent basiquement des cubes et parfois des capacités (adaptabilité, dissémination, venimosité) . Ces cubes définissent la capacité des espèces à survivre. Les bleu pour augmenter la reproduction ; Le vert pour se battre en tant qu’herbivore ; Le jaune pour se battre en tant que polinisateur ; Le rouge pour se battre en tant que carnivore. Ces cubes apparaissent sur une mutation et sont différents sur une évolution, mais ceux de mutation se transmettent lorsque vous évoluez vers une nouvelle espèce (on transmet ses gênes).

Evidemment, comme l’espace est réduit, on fini par rencontrer d’autres espèces sur un même territoire. Celui ayant le plus de cubes (de la couleur qui dépend du type de combat) va l’emporter et éliminer le perdant (l’égalité profite à la défense). Si le combat a lieu au niveau herbivore, le perdant peut encore passer carnivore (s’il est capable de manger le nouveau herbivore), éventuellement en devant combattre le carnivore en place. Si tout le monde peut manger l’espèce originelle des joueurs, il faut être venimeux ou du même type que l’herbivore pour survivre en tant que carnivore.

Cette gestion de combat (simple et rapide) permet de savoir de suite vers où se développer, les combats possibles et les défaites assurées. Avoir une évolution venimeuse est super intéressant pour rester longtemps sur terre. Le nombre d’insectes à votre couleur en jeu va compter lors des événements qui viendront émailler la partie, puisque le plus présent pourra gagner 1 PV (un marqueur fossile) et avancer vers la fin de partie. L’autre manière de gagner des fossiles est en ayant le plus de phéromones (les connections de couleur entre les différents morceaux d’évolution d’un insecte).

En fin de partie (quand les fossiles sont tous distribués), le vainqueur sera celui ayant le plus grand nombre cumulé de présence sur terre + fossiles + phéromones. Cela tourne entre 15 et 20 pv de moyenne pour la victoire.

Les événements qui apparaîtront en renouvelant la rivière des mutations seront déterminantes sur le résultat final, car outre la distribution des fossiles dans le bon (ou pas) tempo, ils changeront radicalement le jeu. Par exemple :

  • Destructions des mutations d’une sorte à gauche de l’espèce (non évoluées)
  • Tectonique des plaques appliquée sur les tuiles créant des zones séparées (non accessible sans vol ou assimilé)
  • Perte de 50 % des créatures majoritaires par continent
  • Risque d’extinction d’espèces avec beaucoup de cubes et incomplètes (tête/thorax/abdomen)
  • Période froide / chaude, changeant le mode de combat des herbivores dans les marais

Il est clair que Bios : Mesofauna est un jeu chaotique, changeant, car les évolutions des joueurs ou les événements soudains vont changer la donne pour vous et vos chouchous. Les extinctions sont courantes (compensées par le vol d’un fossile à un autre joueur) et parfois brutales. La durée d’une partie est elle aussi volatile et pourra se finir en 30 minutes à 3 ou en 2h à 4 (les événements sont moins nombreux). Même si c’est souvent le cas avec les jeux d’Eklund, il faut le savoir et l’accepter dès le début et profiter du voyage plus de que de l’arrivée. Ce chaos, tout à fait logique dans l’évolution, vous apportera des rires et un fameux bordel si vous le prenez bien, mais une frustration terrible si vous le prenez mal. Il est donc nécessaire de l’aborder avec la bonne intention pour passer un meilleur moment.

J’ajouterai que plusieurs niveaux d’apprentissage sont proposés et qu’en bonus il y a une règle permettant de cumuler Bios Megafaune et Mesofauna dans une seule et même partie. N’ayant pas le grand frère dans mes armoires je n’ai pu y jouer, et le regrette tant les insectes m’ont fait forte impression. Dommage qu’aucune VF ne soit annoncé, car la lecture des règles est très longue (comme souvent chez Ion) bien que claire, ce qui privera beaucoup de monde de cette découverte. Heureusement qu’il y a Bios : Origins pour permettre de découvrir un peu de cette étrange série.

 

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