Astra

Un prix décerné pour les jeux Expert par des Experts

Astra

Le premier jeu joué post Essen a toujours une odeur particulière. Non pas celle de la sueur et de la saucisse propre au salon (en ce sens le masque est fantastique), mais celle du désir et de l’espoir. Après avoir vu et touché autant de jeux, voire d’auteurs mythiques, on a envie de se nourrir de nouveauté et d’émerveillement. C’est tout naturellement que l’on a tourné notre tête vers les étoiles.

Astra est un jeu stellaire de Patrick Porkoláb, Frigyes Schöberl et Eszter Krisztina Sas (je redoute déjà de prononcer leurs noms dans une vidéo 😉 ) édité chez Mindclash Games en attendant la VF chez Super Meeple. Les illustration sont celles de Csilla Fekete. A part Frigyes Schöberl qui avait déjà sorti l’excellent Cerebria, c’est une première réalisation pour tous les autres auteurs et illustratrice.

Astra nous propose de tourner la tête vers le ciel pour y dessiner du doigt les constellations qui relient les étoiles. Pour simuler la voute céleste, on placera plusieurs cartes plastifiées autour du rond central reprenant les 4 éléments du jeu (Feu, Terre, Eau, Air). Pour notre doigt, chacun aura un marqueur à sa couleur qu’il utilisera pour relier les étoiles sur les cartes.

Le tour de chaque joueur est hyper simple :

  • Activer éventuellement une / plusieurs cartes déjà acquise(s) : Optionnel
  • Soit relier des points sur une des carte ; Soit se reposer pour récupérer poussières et cartes actives.
  • Réclamer une carte dont toutes les étoiles ont été reliées, si existant.

Et on fera cela à tour de rôle jusqu’à la fin du jeu. De prime abord, cela s’apparente plus à ce que l’on peut trouver dans un jeu familial ou tout juste Connaisseur, surtout avec ces marqueurs de faible qualité avec gomme type Just One. Mais malgré tout il y a une série de réflexion et de gestion à poser pour plusieurs raisons.

Premièrement, les cartes que l’on active pour leur pouvoir ne reviennent pas disponibles automatiquement lors d’un repos. Il faudra se reposer lorsque le marqueur sur la carte centrale sera sur le symbole de la carte activée. C’est une gestion qui n’est pas aisée et qui nécessitera de la chance (c’est possible) où une bonne lecture du jeu des adversaires (qui essaieront de vous empêcher de réactiver vos cartes jugées trop puissantes). Ajoutons qu’en fin de jeu, une carte qui n’a pas été réactivée ne rapportera pas les PV qui lui sont associées et vous comprendrez que l’on ne tourne pas ses cartes sans y réfléchir.

Deuxièmement, on ne complète pas les cartes des constellations comme on dessine sur un tableau. On dépense des poussières d’étoiles de son stock (qui sont rechargées lors d’un repos) et chaque poussière permet de « colorier » une étoile, mais dans un même trait, sans lever son crayon (du bout du doigt en pointant le ciel). Sachant qu’il faut commencer une constellation sur une étoile précise ou reprendre un dessin d’un point déjà « indiqué » (colorié) et que certaines étoiles « plus brillantes » permettent de stocker plus de cartes de constellation, vous comprenez rapidement qu’il faut voir ce que l’on va laisser aux autres comme possibilité en plaçant son trait et ce que l’on veut dépenser pour son propre bonus. Des bonus en terme de télescopes vous permettent de jouer une deuxième fois (tirer un deuxième trait), pour peu que vous en ayez, provoquant quelques surprises.

Troisièmement, la carte de la constellation, une fois finie, est récupérée (et stockée s’il n’a pas atteint sa limite de cartes) par le joueur qui termine la carte (éventuellement en n’y plaçant qu’une étoile, la dernière). Mais les autres joueurs qui ont participé à sa complétude ne sont pas oubliés, car chaque carte a 4 bonus sous sa valeur et dans l’ordre de participation, les autres pourront réclamer leur récompense. Il est parfois utile d’aller placer seulement 1 étoile pour juste toucher un bonus, comme il convient d’autres fois de ne pas se placer sur une carte pour ne pas fermer une branche (rappelons que l’on complète les étoiles d’un seul trait) et empêcher un autre joueur de prendre la carte (à moins de disposer de télescope).

Dernièrement, les cartes de constellations que l’on collectionne permettront d’avoir des PV en fin de partie selon les symboles sélectionnés. Chacun part avec une carte différente, possédant déjà 2 symboles, afin d’inciter la sélection d’un type de symbole différent pour chacun. Comme les constellations sont limitées (8), il faudra bien les choisir pour arriver à maximiser les points finaux (29 max) sur cette fiche de sélection, augmentant la nécessité de prendre telle ou telle constellation, tant pour le pouvoir visé que pour son type dans le calcul final.

Du coup, sa simplicité apparente permet de le jouer en mode familial, sans trop préparer ses coups, juste au plaisir de remplir les dessins. Mais il n’a de sens qu’en mode un peu plus tactique, car le jeu n’en manque pas sans être calculatoire. Il permet de faire progresser des joueurs du mode familial vers Connaisseur en expliquant les implications de ses choix.

Le soucis de ce jeu dans la cheville entre familial et Connaisseur est le temps de jeu (près de 90 minutes à 4) avec somme toute des actions répétitives (peu de choix que l’on fait durant un long moment peut vite lasser). S’il était clos en deux fois moins de temps cela en ferait un excellent jeu, pile dans la cible, là, il risque de ne pas être pris quand on a du temps (autant jouer à un jeu plus complexe) ou quand on a le public (trop long pour des joueurs casu).

Un mot sur le matériel (en espérant que Super Meeple pourra corriger la chose avant la VF), c’est sur le choix des couleurs des marqueurs. On comprend vite dans la partie que l’on va confondre le bleu et le vert, que le noir dans la nuit masque les étoiles. Chez soi, on ira vers des marqueurs maisons adaptés pour écrire sur le plastique (et effaçables, pas de bêtises ! 😉 ) mais cela devrait être dès le début dans la boîte (toujours incompréhensible que cela n’est pas vu lors des validations de produit). Si vous ne le faites pas, attendez-vous à des erreurs et réclamations de joueurs lors de la partie.

Au final, si j’apprécie Astra pour ce qu’il propose (dont le jeu à 5) et si je compte bien le prendre pour un futur WE en famille, il lui manque un poil d’épure dans la durée pour en faire un jeu qui pourrait être sorti facilement dans les bars à jeux pour gamers le temps d’un cocktail.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *