Tiletum
J’ai l’impression que Board & Dice nous sort un jeu en T chaque année depuis… pfiouuu… Longtemps. Mais si je regarde plus précisément, cela n’est le cas que depuis 2018 (Teotihuacan) et il n’y a rien de tel d’annoncé pour 2023 (éventuellement Book of Times si l’on accepte un T déplacé 😊 ). Mais sachant que dans cette foule de T et de Dés il y a eu une floppée de jeux que l’on pouvait noter TB, lorsque j’ai vu que deux jeux commençant par T étaient annoncés cette année j’avais déjà le sourire. Mais allais-je le garder ?
Tiletum est un des deux jeux en T avec des dés que Board & Dice (en VO, Pixie Games pour la VF) nous propose cette année (le meilleur des 2 ?). On retrouve Daniele Tascini et Simone Luciani (qui fait des infidélités à Cranio 😉 ) à la manœuvre. Deux illustrateurs réalisent un plateau (un peu fade mais clair) et des tuiles (répétitives) : Giorgio de Michele (46ième jeu illustré quand même) et Zbigniew Umgelter (l’habitué des jeux en T de B&D).
Tiletum est le nom latin de la ville belge de Tielt (ou Thielt en français, car on aime « traduire » le nom des villes en Belgique, même quand cela n’apporte rien comme un h muet…). Le jeu nous propose de partir de là pour se promener à travers la carte de l’Europe avec un architecte et une roulotte (façon romano) pour construire des cathédrales d’une part et installer des familles anoblies dans les villes de commerce de l’autre. Pour y arriver, une roue d’actions avec des dés nous est proposée.
En soi, le jeu est assez simple. Il y a 4 manches, composées de 3 actions. Chaque action consiste à prendre un dé disponible sur la roue pour en récupérer des ressources (couleur du dé + valeur du dé) et ensuite réaliser des actions (position du dé + (7-Valeur du dé) * actions). On a donc toujours un équilibre entre action et ressources, peu de l’un = beaucoup de l’autre. Quelques pièces d’or pourront repousser la chance en modifiant la position (et valeur) du dé afin de ne pas se retrouver avec des coups moindres (enfin si on a de l’or).
Les 6 actions possibles sont :
- Roi : La plus simple, on avance sur une piste pour définir l’ordre du tour. En sus, on va reculer sur cette piste chaque tour (de 0 à 2 cases) et on perdra ou gagnera des PV selon sa position.
- Chariot : On déplace son chariot de ville en ville, on ramasse des tuiles bonus et on place une maison de commerçants (ou de réfugiés, on se demande parfois 😉 ). Chacune de ces actions coûte 1 pt.
- Architecte : Idem que le chariot, sauf qu’on bouge l’autre meeple et que l’on place des colonnes au lieu de maisons. Ces colonnes permettent de construire des parts de cathédrales en action libre (avec la pierre, couleur gris foncé).
- Habitants : On engage des personnes, on les place dans une des cases d’une de ses maisons (coût en action en rapport avec l’étage) ou on fait tourner le marché. Une maison (1 ou plusieurs étages) ne peut avoir qu’un type d’habitant et un type d’habitant ne peut se retrouver que dans une maison. Les habitants ont un bonus en haut à gauche à toucher une fois en place. Quand une maison est remplie, le meeple associé est disponible pour l’installer avec le chariot.
- Contrats : Coût en rapport avec sa position dans le marché, échange de ressource (avec un bonus pour la première). Les contrats libèrent les colonnes pour l’architecte (coût en Enclume, bleu clair, et ficelle, gris clair) et rapportent des PV.
- Joker : Il copie simplement une autre action.
La 5ième couleur de dé, rose, sert à installer dans une maison un blason familial pour recevoir un bonus immédiat. Quand une maison contient des habitants ET un blason, elle est complète et un bonus d’action est placé sur la roue associée au type d’habitant (ils ont un signe en bas à droite). Plus la maison a d’étage, plus le bonus est important.
A la fin de chaque manche, un objectif, défini en début de partie, est scoré, pour peu que l’on ait son chariot ou une maison dans la ville associée. Comme il n’y a pas de place pour les maisons de tous les joueurs (excepté à Tiletum), il faudra être rapide pour construire ou y laisser son chariot si on veut scorer. Mais ne croyez pas que cela soit obligatoire…
Car ce qui fait la force de Tiletum, c’est qu’il n’y ait pas qu’une seule voie pour la victoire. Bien sûr ramasser des tuiles sur le plateau (qui n’est pas réachalandé) c’est au début qu’il faut le faire, mais vous pourrez vous en sortir avec les contrats ou les habitants ou les constructions ou le roi… Chaque partie est radicalement différente, selon que vous aurez des KM à faire avec votre chariot ou juste un saut de puce, selon le montant des objectifs, la position des cathédrales à construire,…
C’est la lecture première du jeu qui est la plus importante. Définir où et comment vous engrangerez le plus de PV dans CETTE partie spécifique, où vous mettrez vos priorités et comment vous parviendrez à les atteindre. Mais même ainsi, rien n’est assuré, car s’il vous faut un type de dé (couleur plus encore que valeur/action car cela est gérable peu d’or) encore faut-t-il qu’il sorte. Dès lors, il faut s’adapter, observer les actions visées par les autres joueurs pour choisir le bon dé au bon moment.
On signalera juste un poil d’AP possible quand le joueur précédent prend le dé que l’on avait imaginé récupérer, surtout si on n’avait pas déjà envisagé un plan B. Certaines actions combinées au bonus récoltés font parfois allonger le tour d’un joueur, mais ce n’est pas systématique. Grande rejouabilité, accessibilité de ses règles, courbe de progression et gestion experte de l’ensemble (marqué par des différences de PV assez fortes), font de Tiletum une superbe réussite pour le duo d’italiens.