Monasterium

Un prix décerné pour les jeux Expert par des Experts

Monasterium

Je me souviens, il y a quelques années, que Mr Phal expliquait qu’avec le temps il glissait de plus en plus vers les jeux Connaisseurs qui proposent des règles plus accessibles (20 minutes), qui se jouent plus rapidement et offrent une réflexion intéressante dans un temps restreint. Moi qui aime les jeux plus lourds, je le comprends aisément, car même si les jeux Experts offrent une expérience plus importante, les jeux un cran moins complexe éveillent plus souvent chez mes partenaires un intérêt immédiat. Parce que les règles étaient plus digestes, que les retours aux règles inexistantes ou qu’ils sont rentrés dedans immédiatement ? Sans doute un peu de tout cela.

Monasterium est l’œuvre de Arve D. Fuhler chez Arrakis Games à l’origine (en Espagne), mais distribué par DLP Games en anglais, en attendant la VF chez Matagot. C’est le premier jeu catégorisé Expert de Fuhler qui est pourtant repris comme créateur de 8 autres jeux, dont le plus connu doit être El Gaucho. Pour les illustrations très agréables, c’est Dennis Lohausen qui est à la manœuvre et dont c’est le deuxième jeu Expert de l’année après Bonfire (sans compter ses 226 autres réalisations depuis près de 15 ans 😊 ).

Dans Monasterium vous avez en charge une école de prêtres qui va envoyer ses novices dans des monastères proches afin de leur offrir une formation sur le terrain. Ils y apprendront le prêche, la cuisine, la construction, la reliure, le recueillement, bref tout ce qui permet de passer son temps dans un monastère tout en participant à son développement. En sus chaque monastère a une spécialité dans un type de vitrail et vos novices seront vos émissaires pour en récupérer et les ajouter dans votre école.

Vous aurez 3 manches pour atteindre les objectifs définis en début de jeu et dont les PV diminuent au fur et à mesure du temps qui passe. Chaque manche aura un nombre de tours égal au nombre de joueurs (2 à 2, 4 à 4). S’il fonctionne dans toutes configuration, la différence sera liée aux PV que vous ferez (plus à 4 qu’à 2).

Chaque tour d’une manche est ultra simple. Chacun à son tour, les joueurs lancent ses dés, choisissent une valeur et placent tous les dés de cette valeur sur la case associée. On relance les dés quand revient son tour jusqu’à ne plus en avoir. Ensuite, le joueur actif choisi un type de dé et en prend jusqu’à 3 (sauf les jokers 6, un seul) pour activer le pouvoir associé, qu’il soit de base ou lié au développement de son plateau personnel, autant de fois qu’il a pris de dés.

La plupart des actions de base sont très simples, comme prendre des ressources de base (Influence, Soupe, Rosaire) ou avancer le charriot pour avoir accès aux monastères. Mais une action est plus importante que les autres (et donc plus visée), c’est l’envoi d’un novice.

Votre plateau de novices a 4 lignes et 5 colonnes (plus une bonus), ou chaque case est bloquée par un novice qui rendra sa capacité accessible dès qu’il aura été envoyé dans un monastère. Chacun des 5 monastères a 3 parties et les novices de votre plateau sont liés à ses parties :

* Les bâtiments de production : Deux premières lignes du plateau. Nécessitent 2 ou 3 ressources identiques (soupe/marteau/livre) selon le bâtiment utilisé (cuisine/atelier/bibliothèque), ainsi qu’une influence. Ils ouvrent des capacités diverses, ceux que la 2ième ligne étant largement plus puissants.

* La chapelle : 3ième ligne. On paie en influence uniquement, mais leur nombre augmente (de 1 à 3) au fur et à mesure que l’on retire des novices de cette ligne. Ils permettent d’avoir accès aux vitraux du monastère où ils sont engagés.

* Le cloître : 4ième ligne. On paie en rosaire avec le même principe de coût croissant que la chapelle. Il y a une restriction, celle de devoir placer le prieur dans une case adjacente à un bâtiment que vous contrôlez. Ils offrent un bonus de 1 PV dans une colonne de valeur de dé.

Evidemment, les places sont limitées (un par case, 2* nbre de joueurs dans la chapelle) et il faut que le chariot soit à hauteur d’un monastère (ou que vous ayez déjà un novice en place) pour y envoyer un de vos étudiants.

Votre décision de placement sera lié à plusieurs facteurs. Vos ressources évidemment, mais aussi les dés que vous allez prendre ensuite (vu que vous allez libérer une case autant en profiter), les objectifs de placement (pour toucher les PV le plus tôt possible) et la force de certaines cases. Deux sortent largement du lot et sont toutes deux dans la deuxième ligne (utilisables une seule fois par prise de dés) : Le placement d’un novice en payant une influence de moins et l’avancée de 2 avec votre chariot.

Il faut dire qu’une des bonnes choses du jeu, qui pimente le tout, est que chacun dispose d’un dé à sa couleur. Si ce dé lui est réservé, il est obligé de le prendre en premier lorsqu’il choisit le n° qu’il représente. Cela régule vos choix, car il est préférable de d’abord prendre les n° où vous n’êtes pas, vous permettant d’assurer plus d’actions et de garder vos coups certains pour plus tard. Comme le chariot n’a plus de grand intérêt une fois avoir déposé un novice dans chaque monastère (qui le rend alors accessible aux autres), il apportera un dé à votre couleur à chaque fois qu’il atteindra le bout de la route. Plus de dés = plus d’actions réservées, c’est ce qui permet de réaliser de meilleurs scores à 4 joueurs (par rapport à 2), puisqu’on les jette plus souvent (et que les autres ne peuvent les prendre).

A droite de votre plateau se trouve le panneau dédié aux vitraux que vos novices vont récupérer dans les monastères. Lorsque vous récupérer un vitrail d’un monastère, il est placé de la gauche à la droite, avec une règle : pas deux fois le même vitrail dans une même ligne/colonne. Lorsqu’il est posé, vous gagnez le bonus indiqué en ligne ou en colonne. Quand une de ces dernière est complète, vous récupérer les PV associés (4 ou 5 PV). Les placer permet de récupérer des ressources via un dé et utilisé dans la foulée avec le suivant. Simple et puissant à la fois.

En fin de partie, on récupère des PV sur le nombre de chapelle différentes où l’on se trouve (de 1 à 15), pour la majorité de novice dans chaque monastère (5 PV) et en multipliant les novices dans le cloître par ceux de la chapelle dans chaque monastère (résultat ensuite encore multiplié par 2). Quelques PV pour les ressources restantes complètent le calcul.

Alors que je ne suis pas un grand fan des jeux où le hasard a une place prépondérante et qu’on se retrouve avec le jet d’une floppée de dés, je n’ai pas ressenti la malchance (pourtant légendaire) me frapper de plein fouet. Ceci est dû à la gestion des dés, tant dans le choix des résultats de son propre jet, que dans la sélection par la suite d’une valeur ou d’une autre. La temporisation de son propre dé (réservé) dans les jets afin d’arriver à une valeur acceptable pour le tour (6 ou ce que l’on vise souvent) permet de lisser la chance.

Ouvrir les premières cases avec intelligence pour valoriser les prochains dés est important, tout comme aller le plus vite possible au bout de la route pour récupérer le 2ième, puis le 3ième dé de sa couleur permet de mieux maîtriser votre jeu. Le fait de disposer d’un novice bonus (placé où l’on veut sans coût, mais en respectant les règles de placement) quand une ligne est vidée apporte la souplesse et le calcul dans nos choix. Les vitraux et leurs bonus favorisent votre développement.

Bref, c’est simple au niveau des règles, mais tellement intéressant à jouer que l’on profite pleinement d’une partie, avec un plaisir intellectuel et de jeu. Malgré tout, on passe près de 30 minutes par joueur, donc on n’est pas aux jeux plus rapides qu’affectionnent Mr Phal. L’interaction est évidemment au rendez-vous avec la sélection des dés et l’analyse des priorités des autres joueurs pour faire votre sélection. La rejouabilité est évidemment présente, bien qu’il semble évident que les cases de déplacement du chariot amélioré, ainsi que la pose d’un novice avec réduction soient des choix prioritaires.

Arve D. Fuhler a quitté les jeux familiaux pour se lancer dans quelque chose de plus complexe et il a bien fait. Bravo à Matagot qui le proposera en 2021, il fera des heureux. Je le suis déjà. 😊

5 réponses

  1. Berecz dit :

    Peut on jouer avec le monastère en solo?

  2. Bernard Verboomen dit :

    « Comme le chariot n’a plus de grand intérêt une fois avoir déposé un novice dans chaque monastère (qui le rend alors accessible aux autres) ».

    Je pense que cette affirmation devrait être nuancée : « Comme le chariot n’a plus de grand intérêt une fois avoir déposé un novice dans chaque CHAPELLE de chaque monastère (qui le rend alors accessible aux autres) ».

    Je pense que la stratégie chapelle (envoyer ses 5 novices dans chacun des 5 chapelles des 5 monastères), probablement la plus facile à réaliser, n’est probablement pas la seule possible. D’ailleurs, il y a en moyenne 2 places par joueur dans chaque chapelle, ce qui indique qu’il est possible de faire une stratégie où l’on placerait par exemple ses 5 (ou 6) novices dans une ou deux chapelles en combinaison avec un placement de 5 (ou 6) novices dans un ou deux cloitres et bénéficier de leur effet multiplicateur. Cela demande bien sûr une programmation plus fine du déplacement de son chariot.

    Ceci dit, j’ai fait une partie hier (2 joueurs) et le jeu est vraiment excellent.

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