SETI : Search for Extraterrestrial Intelligence
Parmi les choses que j’aime dans un jeu de société, il y a le sentiment d’avoir construit quelque chose durant la partie. Parfois c’en est même au détriment de la qualité du jeu et de ses faiblesses, tandis que d’autres fois c’est simplement la montée en puissance de ses capacités d’action qui me plaît. Pour y arriver il y a le visuel du plateau central ou l’accumulation de cartes / tuiles / ressources sur sa propre zone de jeu. Terraforming Mars combine tout cela et explique sans doute sa réussite, mais combien depuis ont réussi à faire au moins aussi bien ?
SETI : Search for ExtraTerrestrial Intelligence est un des 3 premiers jeux que sort Thomás Holek (avec Tea Garden et Galileo Galilei), lui donnant un fameux départ dans le monde du jeu, et édité par CGE (Czech Games Edition) en VO, tandis que Iello s’occupera de la VF. Onze ( ! ) artistes se sont associés pour réaliser les illustrations, dont plus de la moitié œuvraient pour la première fois dans le domaine du jeu.
Dans SETI on lance un programme spatial afin de trouver des preuves de vie extra-terrestre. Comme il est clair qu’ils existent, on tire dès le début, face cachée, deux races alien qui seront découvertes durant la partie. Pour en découvrir une, il faudra 3 types de preuves : Matérielles en analysant les traces récoltées sur les planètes proches ; Techniques en observant les galaxies lointaines pour en trouver des signaux probants ; Informatiques en analysant les données récoltées de toute part. A partir de ce moment, des cartes et règles nouvelles entreront en jeu pour augmenter les options de la partie.
Durant tout le jeu, chaque joueur réalise une action à son tour en dépensant ses maigres ressources (Argent, Energie et Cartes). Maigres car on n’est pas bien gras en moyens et il faudra veiller à améliorer sensiblement ses capacités de production durant le jeu pour se permettre des actions plus nombreuses. Malgré cet aspect « sec » au jeu, on se rend compte qu’en agençant ses moyens avec des petites récoltes on parvient à se débrouiller plus que raisonnablement.
Les actions de base sont : Lancer une sonde depuis la terre (qu’il faudra faire se déplacer en action libre) ; Se mettre en orbite ou se poser sur une planète ; Lancer une analyse d’une galaxie lointaine ; Analyser les données récoltées ; Améliorer ses connaissances techniques (pour la Sonde, les analyses lointaines ou l’informatique). Chaque action est rapidement expliquée, leur iconographie limpide, ce qui facilite la prise en main pour la première partie.
Chaque amélioration technique (ainsi que le premier à passer) fera pivoter le plateau de jeu, modifiant, à travers le temps qui passe, la proximité de chaque chose dans l’univers. C’est un rythme qu’il faut prendre en compte afin de ne pas le subir. Une course à la découverte de preuves lointaines sera en partie dépendante du joueur « le plus faible » à table. C’est l’endroit où l’on a le plus l’effet « Puerto Rico », cad que suivre le joueur le plus faible vous offre des ouvertures que les suivants n’auront pas (surtout ceux qui me suivent dans l’ordre du tour 😊 ).
Les cartes que l’on récupère ont plusieurs usages. En défausse elles permettent de récupérer des ressources ou déplacer sa sonde. En payant leur coût elles permettent d’économiser pour une action améliorée des options de base ou sont posées pour des objectifs personnels à réaliser (des missions) pour de petits bonus ou des PV.
Dans la catégorie des courses, la plus importante de toutes est sans doute celle aux objectifs communs. Lorsque l’on atteint certaines valeurs en point de victoire direct on peut réserver un objectif en bloquant sa plus haute valeur de PV disponible (un multiplicateur) pour la fin de jeu. Logiquement chaque joueur pourrait réserver une des quatre meilleurs positions d’objectif, mais si un joueur fait le forcing (arriver à 50 avant que le 4ième joueur ne soit à 25) il peut en bloquer deux. Dès qu’un joueur sait quel objectif lui rapportera le plus, il peut « farmer » ce dernier pour maximiser le profit. C’est ce qui guidera majoritairement la suite de votre partie.
L’apparition des Aliens augmentera vos actions possibles et le gain de quelques PV opportunistes. Mais c’est vraiment les courses qui vous mèneront sur le chemin de la victoire, tout en veillant à vous développer pour les manches suivantes. SETI a tout ce qu’il faut pour plaire à la multitude. L’obligation de se rationner, de se développer, de speeder, de se projeter et avoir le sentiment d’avoir construit quelque chose au bout du compte quand on voir son plateau rempli de capacités diverses. Comme tout jeu il aura ses fana et ses haters mais la majorité y trouvera son compte, tandis que les plus extrémistes lui accorderont un OK qui veut déjà dire beaucoup à leurs yeux. Après quelques années de prises de risque moins réussies, je retrouve enfin un jeu CGE à la hauteur de mes attentes depuis Narak en 2020. J’espère maintenant qu’il aura une longue vie et que de nouvelles races viendront égayer mes découvertes extra-terrestres.