Tharos

Un prix décerné pour les jeux Expert par des Experts

Tharos

Parfois j’ai l’impression que ce qui fait un bon jeu c’est le buzz autour de lui. Si les gens en parlent, mettent des photos sur les réseaux sociaux, c’est que c’est un bon jeu car on ne met pas souvent des photos pour les mauvais jeux, non ? Ou s’ils sont mauvais et qu’on le dit dans le texte, la plupart des gens se bornent à regarder la photo pour dire qu’ils aiment les couleurs ou le thème, qu’importe si le joueur qui en parle s’en ennuyé ferme devant. Du coup, on garde en tête que le jeu est joué et s’il nous semblait sympa, on l’achètera peut-être. Alors évidemment dans ces cas-là, on passe vite à côté d’un jeu vu en magasin mais jamais relayé sur les réseaux et on ne prend pas de risque. N’en déplaise à Karadoc, « le Buzz c’est la vie » 😊.

Tharos est le dernier jeu tiré à faible exemplaires (sans doute pas plus de 1000 avec 420 contributeurs sur KS) par Spielworxx. C’est Bernd Scholz qui signe ici son premier jeu édité, après avoir écrit des chansons Punk-Rock et quelques recueils de poésie (j’ai l’impression d’un grand écart de l’auteur dans ses goûts 😊 ). Pour les illustrations, c’est l’œuvre de celui qui est adoré des allemands (mais de plus en plus en décalage avec ce que le reste du monde apprécie comme dessins aujourd’hui) l’infatigable Harald Lieske. Autant dire que cela va être un poil austère d’emblée… 😀

Tharos est un Dice-Bag Building. Pour ceux à qui cela n’évoque rien, sachez que c’est le terme utilisé quand on a un jeu à base de dé que l’on tire d’un sac (Dice-Bag), tandis que le Building évoque le fait que les dés du sac vont évoluer (on va en avoir plus et/ou de couleurs/type différents) au cours de la partie et des choix des joueurs. Ici, on partira avec 12 dés dans un sac et on pourra terminer avec 18 dés, tandis que deux couleurs (bleu et vert) ne sont pas disponibles au départ (majoritairement du blanc, beaucoup moins de rouge et de jaune).

Pour le pitch, sachez que Tharos vous envoie dans des colonies spatiales où l’on extrait des minéraux et des pierres précieuses et qu’une nouvelle zone d’exploitation est ouverte où l’on vous demande de faire vos preuves. En guise de plateau, on dispose 4 lignes de 4 cartes représentant des zones d’extractions. Vous disposez aussi d’un plateau personnel avec les actions possibles et un autre avec vos progressions dans 4 domaines à PV. Un mot immédiatement sur le plateau de progression où Spielworxx avait quelque peu raté les proportions des cubes VS les trous, les premiers ne rentrant pas dans les seconds. Heureusement, ils ont de suite fourni des cubes de remplacement pour corriger la chose. Mais un Spielworxx sans une petite erreur n’est pas un Spielworxx. 😉

Nous allons jouer 16 manches, chacune composée d’un tirage de 5 dés qui seront utilisés pour faire des actions (seuls ou en groupe). Le plateau du joueur comporte des groupes de 2 actions nécessitant des dés parfois spécifiques, un groupe ne pouvant être utilisés qu’une fois par manche (nécessitant parfois de faire un choix cruel entre deux options). En outre, les dés peuvent être utilisés pour « construire » des cartes de sa main offrant de nouvelles cases d’action.

Chaque joueur va donc faire selon les couleurs de dés tirés et les valeurs affichées pour développer son jeu de la meilleure des manières. Certaines actions sont cependant visées par tous lors de chaque tour, comme les attaques des tribus locales sur la carte de la manche. Cette attaque se défini par le tirage d’une carte de valeur (0 à 4) associé à la hauteur de ligne du tour en cours (1 à 4). Logiquement seul des dés rouge peuvent vous permettre de contrer l’attaque, mais on découvre dans le jeu que plusieurs autres moyens permettent de s’en sortir au cours du jeu. En cas d’échec, en fin de ligne (toutes les 4 manches) on tire un effet négatif à appliquer aux joueurs ayant raté leur défense. C’est fort aléatoire, mais de plus en plus pénalisant plus les manches augmentent.

Dans les actions que vous prendrez avec vos dés, citons :

* Collecter de l’argent : nécessaire pour acheter des buildings (PV) et les activer

* Relancer des dés ou en acheter de nouveaux : L’achat des dés est dégressif.

* Placer des mines : PV de fin de jeu et activation de cartes spéciales

* Placer des usines : Pour progresser dans la piste d’Exploration

* Miner (pierre et minéraux) : Pour progresser dans la piste de Commerce

* Construire des buildings : Pour progresser dans la piste de Buildings

* Prendre des cartes d’action

* Installer de nouvelles cartes et les activer

* Vous défendre contre les attaques

Il n’y a pas de PV de plein jeu à gagner, ils sont tous comptabilisés en fin de partie (cela aurait mérité un petit papier pour les compter puisqu’il n’y a pas de piste de scoring). Les 4 pistes du plateau de joueur sont les plus intéressantes au niveau des PV puisque chaque avancée vous donne entre 2 et 4 PV (plus des bonus de ligne). Avec un scoring de 74 possible pour le premier joueur les 2/3 au moins sont faits sur le plateau des avancées.

Ce qui freine le jeu lors de la première partie, ce ne sont pas les règles relativement simples, mais la multitude de cartes de sa main (et des buildings) avec effet spécifique pour lesquels il faut réussir à définir rapidement la force. Tout est en anglais et allemand, mais les icônes sont suffisantes pour qu’une fille de 12 ans sans apprentissage de l’anglais (ou de l’allemand 😊 ) arrive à y jouer en posant seulement 2 questions de compréhension sur l’ensemble d’une partie.

On pourrait croire que le jeu est excessivement aléatoire, mais il existe plein de subtilités pour le contrer ou le gérer. Les cartes de notre main sont des sécurités face au hasard, permettant de contrer un coup du sort et il faudra les mettre en place le plus tôt possible pour ne pas se retrouver bloqué ou pour simplement collecter les PV. Les cartes d’action sont très puissantes et peuvent nous sortir d’un mauvais pas, aussi en prendre une quand on n’a rien de mieux à faire est toujours un bon plan.

Tharos est vraiment l’archétype de jeu qui ne paie pas de mine (merci Harald Lieske), qui n’a pas fait de buzz (faible production et en anglais/allemand) et qui pourtant permet de passer un bon moment de jeu. Il tourne plus vite quand on ne triture pas ses cartes pour revérifier leur pouvoir et lorsque les dés sont jetés on fait vite les groupe d’usage, attendant de les placer au fil de ses tours. Il n’y a pas une grande interaction, chaque carte étant disponible à chacun (elles ont d’ailleurs un petit bonus utilisable dans le tour). Il n’y a que peu de blocage dans le jeu, tout est question de développement personnel pour éviter les attaques et la chance est franchement gérable (c’est un poissard qui vous le dit).

Tharos fait partie de ces jeux dont on ne parlera que peu à moins qu’une VF ne voie le jour, et qui pourtant me donne envie d’y rejouer avec plaisir. Sans doute plus Connaisseur qu’Expert puisque le jeu n’est pas punitif, il conviendra à ceux qui aiment lancer des dés et apprécient le Bag Building depuis Orléans. S’il avait une version de poche (après tout il n’y a vraiment que des cartes et des dés), il serait sans nul doute dans notre valise pour les vacances.

 

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