Bee Lives : We Will Only Know Summer

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Bee Lives : We Will Only Know Summer

Chaque année, lors des sélections de jeux, il y a quelques ovnis qui passent dans le coin et se font attraper dans notre filet à papillon. Lorsque l’on dépouille la chose, on a des bonnes et moins bonnes surprises, mais c’est toujours un étonnement et une joie de découvrir quelque chose de moins normalisé.

C’est ainsi que nous avons cueilli Bee Lives: We Will Only Know Summer, premier jeu de Matt Shoemaker qui a créé sa boîte d’édition dans la foulée : Hit ‘Em With a Shoe. Remarquez que le nom de la maison d’édition improbable est un jeu de mot avec le nom de l’auteur. 😊 Toujours est-il qu’il me distrait oubliant presque qu’il a demandé à ses connaissances, Alina Josan et Helen Shoemaker (femme ? sœur ? cousine ?) de s’occuper des dessins.

Le jeu fleure bon l’amateurisme, depuis le matériel proche d’un proto (ou digne d’un Splotter, je ne sais pas 😉 ) jusque dans ses règles, qu’il a eu la bonne idée de proposer directement en français, mais avec des bouts de phrases manquantes (par rapport à la VO) ou pas traduites (entendez par là qu’une phrase est coupée avec une autre toujours en anglais) ! 😊 J’adore.

Le jeu nous propose de nous occuper d’une ruche durant une année, de sa fondation avec une reine et 3 abeilles au printemps jusqu’au bout de l’hiver, après 3 mois d’hibernation, où le vainqueur sera celui a qui il restera des abeilles (et accessoirement le plus de PV). Rien ne dit qu’un seul joueur parviendra à sauver sa ruche et c’est bien cela la difficulté du jeu. Faut-il viser des actions de PV durant le jeu au détriment de la survie de sa ruche ? Le dosage est complexe.

En plus de votre plateau avec vos abeilles, les alvéoles de stockage et les actions possibles, vous avez un plateau des maladies car l’abeille est sujette aux crasses qu’elle récolte en dehors de sa ruche.

Les 9 premiers tours se passent comme suit :

* La reine pond : Elle remplit les alvéoles (qui stockent les ressources) libre avec des œufs
* On nourrit la ruche avec du miel (1/abeille). Les abeilles affamées meurent.
* On nourrit le couvain : Les œufs qui reçoivent du pollen deviennent des abeilles les autres meurent.
* On vérifie si la ruche est assez grande pour toutes. Sinon, il y a essaimage et la moitié de la ruche part avec la moitié de votre miel pour devenir une ruche sauvage (ennemie).
* On révèle un événement pour le mois.
* Chaque joueur (et ruche sauvage) prend une action à son tour dans la limite de ses moyens (ses abeilles disponibles). On recommence jusqu’à ce que les joueurs passent.
* On gère la fin de mois en nettoyant le plateau.

La gestion des alvéoles est une chose primordiale dans le jeu, car elles définissent l’espace de stockage que vous avez et, si vous créez des vides, elles vous permettent d’augmenter la taille de la ruche via les œufs. Mais plus vous avez d’abeilles, plus vous avez besoin de stocker du miel pour les nourrir et plus le risque d’atteindre le seuil d’essaimage se fait proche. Ce n’est pas que l’essaimage soit à éviter (vous gagnez des PV à chacun de ceux-ci), mais les ruches sauvages sont une vraie menace pour vous car très agressives.

Les actions à votre disposition sont assez simple :

* Explorer : Découvrir une tuile adjacente à celles connues.
* Butiner : Récolter des ressources avec plus ou moins d’abeilles selon la distance qui vous sépare de la fleur visée. Ce que l’on récolte par type de fleur dépend de la période de l’année.
* Fabriquer de la cire : Augmenter le nombre d’alvéoles de la ruche.
* Nettoyer la ruche : Diminuer le risque infectieux (donc la mortalité)
* Refroidir la ruche : Pour les mois de forte chaleur et sauver des abeilles.
* Changer de reine : Elles ont toutes une spécificité (reine guerrière, nourricière, nettoyeuse,…) et il est parfois utile de basculer sur une autre, au détriment des naissances du prochain mois (trop jeune).
* Piller : Attaquer une autre ruche pour lui voler son miel. Cela inclus la perte d’abeilles.
* Défendre : Empêcher une attaque en laissant une défense (héroïque) de votre ruche. Cela va aussi provoquer des morts dans vos rangs.

Vous avez dû remarquer qu’à côté des actions de récolte/découverte standard il y a une forte mention de mortalité. Vos abeilles ne font pas long feu et l’on est tenté (ou désire) de minimiser ses pertes afin de réaliser plus d’action le tour suivant en les économisant. Le problème est qu’il faudra les nourrir et qu’en sus la récolte ramène des maladies dans la ruche.

L’attaque associe un jet de dé avec une table d’attaque un peu alambiquée, permettant d’augmenter son résultat en utilisant les abeilles comme des kamikazes. Dans le même ordre d’idée les défenseurs se sacrifieront pour préserver votre ruche de l’ennemi. Du coup, on n’est pas toujours chaud pour lancer une attaque, mais c’est sans compter sur les ruches sauvages.

Un tableau d’actions prioritaires des ruches sauvages, issues des ruches des joueurs qui ont essaimé, défini l’action qu’elles prennent à leur tour de jeu, comme un joueur en plus violent. Lorsqu’elles réalisent une attaque réussie, elles augmentent en taille et donc en force. Si vous ne prenez pas rapidement conscience de leur menace de nuisance, elle pilleront vos réserves et vous ne pourrez plus nourrir vos abeilles, sans pouvoir encore les attaquer (plus d’abeilles, plus d’attaque). C’est de loin la plus grande menace du jeu (j’en sais quelque chose, elles nous ont tué ! 😊 ).

Cette menace constante est très bien, mais a un soucis. Si vous avez tous essaimé, comme elles jouent à chaque coup des joueurs, on passe plus de temps à gérer ce bot que de jouer avec sa propre ruche. Cela nuit grandement à la fluidité du jeu. C’est pourtant une bonne idée, mais à la mise en place trop fastidieuse pour être agréable sur le long terme (surtout quand elle vous écrase).

Lorsque l’hiver vient, on ne fait plus que passer les mois et voir si l’on a fait assez de réserves pour nourrir ses abeilles. Si le miel est présent en suffisance, une abeille survivra et le joueur ayant accumulé le plus de point gagnera la partie. Dans le cas contraire, vous aurez été décimé durant l’hiver.

Malgré ses aspect de jeu pas fini et ses longueurs pour gérer les ruches dissidentes, Bee Lives : we only know summer offre une vraie réflexion tactique dans un monde violent où il n’est pas facile à la première partie de savoir jusqu’où développer sa ruche. C’est un objet volant qui a l’air d’être identifié mais qui propose quelque chose de radicalement différent et qui risque de permettre à peu de ruches de survivre. Son manque de fluidité le laissera certainement sur le carreau au sortir de l’hiver par rapport à ce que nous désirons trouver comme sensation de jeu.

Dommage, les abeilles disparaissent déjà trop souvent et le jeu avait le mérite de nous rappeler dans quel monde de violence elles vivaient. Souvenez-vous en, quand vous verrez une abeille cet été, et ne les frappez pas avec votre chaussure.

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